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Messaggi Don Orione
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Autore: Flavio Peloso

Notes d’anthropologie orioniste et service à la vie faible.

Relation tenue au Congrès de bioéthique sur « Qu’est-ce que c’est l'homme pour que tu t’en occupe? », destinée aux operateurs socio-sanitaires dans les institutions orionistes ; Rome, 6-8 juin 2012.
Dans les trois journées, il a y eu les relations du Card. Elio Sgreccia sur Bioéthique personnaliste, Prof. Livio Melina sur le Concept de personne, Don Flavio Peloso sur la Vision de Don Orione sur l'homme et sur le service à la vie faible, on. Carlo Casini sur les Implications juridiques du concept de personne, Prof. Giuseppe Noia sur les Implications médicales du respect de la personne, Prof. Roberto Franchini sur la Qualité de la vie dans les résidences socio-sanitaires. Deux expériences spécifiques et d'avant-garde de l'œuvre orioniste a été présenté par le Dr. Giambattista Guizzetti, directeur sanitaire du Service États Végétatifs du Centre Don Orione de Bergamo, et de la Doct.se Ewa Swic, médecin du Service de soins palliatifs de l'œuvre Don Orione à Wolomin (Pologne). Groupes d'étude ont réfléchi sur les pratiques socio-sanitaires à la lumière des principes et valeurs chrétiens et orionistes.


Je mets pour titre  «QUE GRANDE CHOSE EST L'HOMME POUR QUE TU T’EN SOUVIENNES!» à la présentation de quelques fragments d'anthropologie orioniste,  ou plus simplement quelques éléments de la vision de l'homme exprimés et vécus par Don Orione.

Je n'ai jamais oublié la présentation du Psaume 8 faite dans ce même bâtiment par mon professeur des Écritures Saintes, Don Gino Bressan, toute résumée dans l'emphase qui mettait en lisant le texte:

2. Oh (māh exclamatif) Seigneur, notre Dieu, 
qu'il est grand ton nom sur toute la terre:
sur les cieux s'élève ta splendeur.

3. Par la bouche des enfants et des tout petits
tu affirmes ta puissance contre tes adversaires,
pour réduire au silence ennemis et rebelles.

4. Si je regarde ton ciel, œuvre de tes doigts,
la lune et les étoiles que tu as fixées,

5. (māh exclamatif) que grande chose est l'homme
pour que
[1] tu t’en souviennes
et le fils de l'homme pour que tu le visites!

6. en effet[2] tu l'a fait un peu moins que les anges,[3]
de gloire et d'honneur tu l'as couronné:

7. tu lui a donné pouvoir sur les œuvres de tes mains,
tout tu as mis sous ses pieds;

8. brebis et bœufs, tous ensemble, et même les bêtes des champs;
les oiseaux du ciel et les poissons de la mer, quand il parcoure les voies de la mer.

9. Oh (māh exclamatif) Seigneur, notre Dieu,
qu'il est grand ton nom sur toute la terre.
[4]
 

Don Orione est un saint, un homme qui voyait Dieu, un homme qui voyait en Dieu toutes choses, le monde, l'homme, la société, l'histoire, l'avenir. Et, par conséquent, il reconduisait tout à Dieu dans le mouvement de l' Instaurare omnia in Christo.

La vision de Don Orione sur l'homme pourrait être résumée dans son expression très connue "dans le plus misérable des frères brille l'image de Dieu",[5] ou aussi "voir et entendre Christ dans l'homme." [6] C’est ici la grandeur de l'homme, sa sacralité, sa dignité non conditionnée par n’importe quelle autre qualité de vie.

Avant l' action vers celui qui a besoin d’aide, en Don Orione il y avait d’abord la contemplation de l’ "imago Dei",  pour cela le service au prochain et le culte à Dieu  s'engagent et se renforcent réciproquement.

Don Ignace Terzi, dans ses souvenirs personnels du Fondateur, a noté d'avoir vu en Don Orione le même sens de respect et d'adoration devant l'Eucharistie, devant les Évêques et devant les Pauvres.

"Beaucoup de fois j'ai comme aperçu Jésus, dans les plus rejetés et les plus malheureux",[7]  affirma Don Orione hors métaphore. Cela nous fait  penser à la contemplation de Michel-Ange qui " intra-voyait’  déjà Moïse dans le bloc informe de marbre et, en conséquence, il utilisait son action compétente et passionnée pour "le sortir’ pour le faire émerger. L'action d'aide, dans ses différents moments et domaines, a toujours besoin de contemplation, de vision de l' imago Dei dans un corps naissant, limité ou en diminution. Ainsi seulement on dépasse le matérialisme et le manque de sentiments dans la routine du service à la personne faible et nécessiteuse.

Développer la "présence divine dans l'homme", restaurer, exprimer la "présence divine dans l'homme", racine ultime de la dignité de chaque personne: celui-ci est le motif noble de l'agir en aidant celui qui est faible et qui a besoin de soutien.

Les pauvres, les handicapés, les "débris de la société" étaient chez Don Orione nommé, sans rhétorique, "nos trésors", nos" perles ", nos "patrons" (nous savons qu'il appelle habituellement patron de la maison Jésus présent dans le tabernacle). " Nos chers pauvres... ils ne sont pas des  hôtes, ils ne sont pas des pensionnaires, mais ils sont des patrons et nous leurs serviteurs; en faisant ainsi nous servons le Seigneur." [8].

"Ce sont nos intercesseurs; ceux-ci iront tous au Paradis",  s'exclamait avec joie et conviction  Sœur Maria Lucilla, depuis plus de 60 ans au Petit Cottolengo, en me présentant les petits malades. Elles ne sont pas des expressions affectés. Ce sont la raison de l'amour et de la patience dans le don de la vie pour ces frères. Ce sont le motif pour lequel Soeur Maria Plautilla, malade de tuberculose, donna la vie à 34 ans dans le dernier effort pour sauver une malade mentale qui allait se jeter de la fenêtre.

Don Orione a une idée très réaliste du pauvre, et il en a en même temps une vision presque sacrée: "dans le plus misérable des frères brille l'image de Dieu"; "voir et servir le Christ dans l'homme";  "qui donne au pauvre donne à Dieu et de Dieu il aura sa récompense." Ce sont l’écho des mots de Jésus: "Chaque fois que vous avez fait ces choses à un seul de mes frères les plus petits -Jésus assure -, vous l'avez fait à moi", Mt 25, 40.

C'est la foi qui fait voir tout l'homme, parce que l’"essentiel est invisible aux yeux " [9];  la foi fait comprendre que "grande chose est l'homme". "Pour cela, si le contact avec Dieu manque du tout dans ma vie - observe Benoit XVI -, je peux voir dans l'autre seulement et toujours l'autre et je ne réussis pas à reconnaître en lui l'image divine" (Deus caritas est 18 ) .

C'est la foi certainement qui guide et soutient Don Orione dans son engagement de solidarité et d'aide vers le plus faibles et désavantagés de la société: ce sont les préférés de Dieu, ce sont une hostie sacrée, comme Emanuel Mounier définissait sa fillette gravement limitée. "Dieu aime toutes ses créatures, mais sa Providence ne peut  ne pas préférer les misérables, les affligés, les orphelins, les malades, les souffrants de chaque manière, après que Jésus les éleva à l'honneur de ses frères L'œil de la Divine Providence est, d’une manière spéciale, tourné vers les créatures les plus malheureuses et abandonnées." [10]

De cette vision des gens marquées par des limites et par la douleur nous recueillons trois indications pratiques pour modeler nos structures socio-sanitaires ou maisons de charité, comme encore nous préférons les appeler.

1. Il faut unir aux motivations de la raison celles de la foi, qui dévoile que là, dans ces vies qui ont besoin d'aide, il y a un signe spécial de Dieu, de sa Providence, de la valeur absolue de la vie. Alors deviennent naturelles les attitudes d'accueil, de respect, de dévotion, de service compétent (leur donner le mieux! ), de soin, de relation, de "donner et recevoir" [11], que l'éthique et les protocoles professionnels ne sont pas capables de garantir et alimenter.

2. Il faut structurer et gérer la maison de charité en même temps comme hospice (hospitalité), comme sanatorium (aide pour soigner), comme entreprise (aujourd'hui de plus en plus complexe), et comme temple (culte à Dieu et à ses images)[12].

3. Comme les prêtres doivent éviter le syndrome du fonctionnaire du sacré, c'est-à-dire d'un service sans relation avec Dieu, il me semble ainsi de devoir dire aux opérateurs socio-sanitaires d'éviter le syndrome du fonctionnaire de l'humain, c'est-à-dire d'un service sans relation avec l'homme.

 

UNE IDÉE HAUTE DE L'HOMME

Je suis parti par ces rappels "contemplatifs" du Psaume 8 et de Don Orione concernant la vision et le service à l'homme, et à l'homme faible, parce qu'il me semble que c’est à partir d’une vision positive et haute de l'homme qui peut se fonder soit une éthique adéquate de la pratique professionnelle dans le service de la vie faible et soit la passion humaine et spirituelle, nécessaire dans le travail de chaque jour. L'éthique et la compétence professionnelle sont importantes mais ne sont pas tout. Il nous faut la passion professionnelle.

Mais aujourd'hui ce rappel contemplatif à propos de la grandeur de l'homme est particulièrement nécessaire aussi pour une raison spécifique de notre contexte culturel actuel.

La vie humaine a toujours été entourée de dangers, menacée de violence et de mort. Cependant il ne s'agit pas seulement aujourd'hui de menaces, qui viennent de l'extérieur, des forces de la nature ou des "Caïn" qui assassinent les "Abel." Aujourd'hui la menace principale à la vie vient de la vision nihiliste, du manque d'estime de la vie, de la chosification de la vie, qui ont répandu une culture de la mort et une pratique de mort, programmées même scientifiquement, socialement justifiées et légalement réglementées.[13]

Il y a la violence exercée contre millions d'êtres humains qui sont sous le seuil de la pauvreté et meurent de faim, le commerce scandaleux d'armes qui continue malgré beaucoup de dénonciations, les déséquilibres économiques, l'exploitation du travail au détriment de la vie et les nombreuses "structures de péché" qui sont telles parce que consciemment et volontairement vexent la vie humaine. On est arrivé au point de considérer expression de progrès et de civilisation la mort demandée, provoquée ou donnée volontairement, comme dans le cas d'avortement et euthanasie. Dès ses phases initiales jusqu'aux derniers moments la vie humaine souffre le siège incompréhensible des êtres humains eux mêmes.

Aujourd'hui il faut renverser avec la force et les pratiques de la raison et de la foi la culture de la mort; il faut gagner avec la veritatis splendor l'obscurcissement de la raison et avec la chaleur de l'amour le gel mortel de l'égoïsme (omnia vincit amour)[14].

Devant la vie, surtout quand elle est faible ou menacée, comme hommes, comme chrétiens et comme membres de la Famille Orioniste, nous entendons vivre l'humanisme personnaliste, reconnu par la raison, confirmé par la foi, assumé et transmis par Don Orione. C'est un humanisme qu'il nous fait valoriser, défendre et développer tout le positif présent dans la vie des gens, dans les choses et dans l'histoire, croire dans la force du bien et nous engager à le promouvoir, plus qu'à nous lamenter du mal, aimer la vie de tous les hommes de tout l'homme en toutes les conditions.

 

UNE IDÉE HAUTE DE DIEU

Un tel engagement se fonde sur des raisons intrinsèques à l'humanité. Nous, chrétiens, nous nous sentons, en outre, interpellés par le Dieu qui aime la vie, ou, comme Don Orione disait, par sa Divine Providence, à garder et développer sa création, ses créatures.

La vie humaine jaillit de l'Esprit même de Dieu, elle est souffle divin, nous avons été créés à son image et ressemblance, sur notre existence est présent l'amour divin: "que grande chose est l'homme pour que tu t’en rappelles et le fils de l'homme pour que tu t’en préoccupes!." [15]

Dieu aime tous les êtres. Il ne peut pas haïr rien de tout ce qu'il a amoureusement créé.

Contre ce qui peuvent penser ceux qui vivent avec la conviction obscure que Dieu constitue une menace pour l'être humain et une présence oppressante, qu'il faut éliminer pour vivre et jouir plus complètement de l'existence (ou moi ou Dieu)[16], nous proclamons notre foi en Dieu comme le meilleur ami de l'homme et le défenseur le plus sûr de sa vie, le Père.

"Tu aimes toutes les choses existantes et tu n'as pas de dégoût pour rien de tout ce que tu as créé - écrit l'auteur du livre du Sagesse -. Et comment pourrait exister une chose, si tu ne voulais pas? Ou se conserver si tu ne l'avais pas appelée à l'existence? Tu es indulgent avec toutes les choses, parce que toutes sont à toi, Seigneur, qui aime la vie; car ton esprit incorruptible est en toutes choses" ( Sap 11,24-12,1).

Le Pape Benoit XVI rappelle que "la vie humaine est une relation. Et la relation fondamentale est la relation avec le Créateur, autrement les autres relations sont fragiles. Choisir Dieu, donc: ceci est essentiel. Un monde vide de Dieu, un monde qui a oublié Dieu,  perd la vie et il tombe dans une culture de mort[17]. Choisir la vie, faire l'option pour la vie, donc, est, avant tout, choisir l'option-relation avec Dieu."[18]

C'est l'amour de Dieu qui nous pousse à aimer la vie, à la promouvoir avec un service responsable, à la défendre avec espoir, à en annoncer la valeur et le sens, spécialement aux plus faibles et sans défense, à tous ceux qui vont à la dérive entre le vide et l'inquiétude, entre la menace et le désespoir.

D'autre part, nous savons que c'est l'amour à la vie qui nous porte à invoquer, à rencontrer, à aimer Dieu. Voilà, il y a cette réciprocité inséparable et bénéfique: l'amour à Dieu porte à l'amour à la vie et l'amour à la vie porte à l'amour de Dieu.

 

DEVANT LA VIE, COMME FILS DE LA DIVINE PROVIDENCE

Soit devant à tel engagement au service de la vie et soit devant à certaines attitudes absurdes anti-vie, notre Congrégation, avec Don Orione et en communion avec l'Église, s’engage à témoigner la valeur de la vie, à promouvoir la vie et à la défendre avec le service concret et aussi avec la parole pour que se répande une culture authentique de la vie.

Notre dernier Chapitre général, avec la décision 28 a demandé que "Chaque province, en discernant dans sa propre réalité les formes avec lesquelles la vie est plus menacée (vie naissante, vie faible, immigrés, etc. ), définisse les actions les plus significatives pour sa défense."

Je crois que cette intention et dynamique d'amour à la vie  devra, dans le prochain avenir de notre Famille Orioniste, animer et conformer plus et mieux nos œuvres de service à la vie faible, naissante, limitée et en diminution, pour qu'elles puissent être effectivement "phares de foi et de civilisation."

C’est vraiment la dynamique inséparable d'amour à la vie et d'amour à Dieu qui nous fait comprendre comment les œuvres de charité, comme conçues par Don Orione, exercent le précieux et double rôle d'évangélisation de la Providence de Dieu et d'élévation humaine et civile, c'est-à-dire de "phares de foi et de civilisation."

Aujourd'hui ceci est plus encore nécessaire et efficace, dans une époque de sécularisme et de foi faible, dans une époque de nihilisme et de pensée faible qui rendent la société faible. En effet, comme a observé Benoit XVI,  "la mesure de l'humanité se détermine essentiellement dans le rapport avec la souffrance et avec le souffrant. Cela vaut pour l’individu comme pour la société. Une société qui ne réussit pas à accepter les souffrants et n'est pas capable de contribuer par la com-passion à faire en sorte que la souffrance soit partagée et portée, aussi intérieurement, est une société cruelle et inhumaine"( Spe salvi 38).

Cet autre but, mais intrinsèque à la missio, des œuvres de charité orionistes demande que les structures socio-sanitaires de la Petite Œuvre soient conçues, modelées et gérées en soignant avec la qualité des services la charité des relations et avec le bien de l'institution le bien de la ville.

"Le Petit Cottolengo de Gênes -Don Orione annonçait - deviendra la 'citadelle spirituelle de Gênes'. Bien plus que la lanterne qui est sur le rocher! Le Petit Cottolengo sera un phare gigantesque qui répandra sa lumière et sa chaleur de charité spirituelle aussi au-delà Gênes et au-delà de l'Italie." [19]

La dynamique du phare sera possible si au Petit Cottolengo, et en quelconque autre œuvre au service de la vie faible, il y aura de la lumière à l'intérieur, c'est-à-dire qualité de vie, service compétent, foi, amour fraternel, vie belle, et s'il utilisera les dynamiques de la relation avec la ville, avec les gens et les endroits qui constituent le tissu civil dont l'œuvre vie et à qui est destinée comme son but dernier.

Est-ce que nous serons capables de passer du service à la charité et de la charité à l'annonce de Dieu ( phare de foi) et de l'homme (phare de civilisation)?

En réalité, si une œuvre n'eût pas la lumière de la charité et si elle fût fermée en elle-même, parce qu'elle ne communique pas en favorisant des relations avec les familles, les amis, les paroisses, les organismes laïques, la société civile, l’Église… elle serait une œuvre morte en tant qu’ orioniste, elle perdrait sa dynamique de "phare" qui répand la lumière dehors, loin, lumière de foi et de civilisation. Les œuvres cesseraient d'être "pupitre" apostolique et "chaire" de civilisation, pour le dire avec d’autres images chères à Don Orione.

En plus que servir la vie faible, il est nécessaire donc de trouver le langage et les relations pour raconter au monde, certainement avec une humble pudeur mais aussi avec conviction et décision, l'expérience d’une vie nouvelle et d’une nouvelle civilisation, vécue à partir de l'aide au plus faibles, selon la loi fondamentale du servir et de l'aimer.

Pas de fausses pudeurs et timidités, "il faut que vous vous jetiez sur un travail qui ne soit plus seulement le travail que vous faites dans l’église" et dans les œuvres de l'église[20]. Mais nous ne devons pas suivre l'idole de la visibilité qui aujourd'hui porte à l'exhibitionnisme avec les techniques de grandissement et de contrefaction. Il s'agit simplement d'être en relation, comme le sel et le levain dans la société ou aussi lampadaire qui "ne s'allume pas pour le mettre sous la table, mais sur le candélabre afin qu’il fasse la lumière à tous ceux qui sont dans la maison." [21]

Cette attention à tous, le tous social, est très typique de Don Orione qui joignait toujours charité personnelle et charité sociale, charité vers les proches et passion pour les lointains.

Don Terzi a raconté que, encore laïque, il faisait partie d'un petit groupe de jeunes universitaires accompagnés par Don Orione en visite au Paverano de Gênes. Don Orione, après les avoir laissés pour aller s'attarder avec quelques personnalités de la ville, en revenant il leur dit: "Vous voyez, cette œuvre est certainement pour ces pauvres qui y sont reçus, mais, je voudrais dire qu’elle est plus encore, pour ceux-là, afin qu'ils voient et ils apprennent la charité et ils se rapprochent de Dieu ".

Il parla aussi d'un personnage connu de Gênes: Salvatore Sommariva m'a dit: Je ne croyais pas en Dieu, mais maintenant j’y crois parce que je l'ai vu aux portes du Cottolengo " [22].  Ceci correspond à  ce qu’affirmait Sant Augustin :"Si tu vois la charité, tu vois la Trinité", rappelé par Benoit XVI en Deus caritas est 19, avant de parler des "saints sociaux"( n.40) parmi lesquels nomme Don Orione [23].

À Don Adaglio, il donnait des directives pour le commencement de la Petite Œuvre en Palestine: " Il faut que sur chacun de nos pas on crée et fleurisse une œuvre de fraternité, d'humanité, de charité pure et très sainte, digne de fils de l'Église née et jaillie du Cœur de Jésus: des œuvres de cœur et de charité chrétienne il nous faut. Et tous vous croiront! La charité ouvre les yeux à la Foi et il réchauffe les cœurs d'amour vers Dieu." [24]

 

CONCLUSION

Je conclus ces fragments d'anthropologie et pastorale orioniste en rappelant les mots de Benoit XVI à la fin du 13° Chapitre général, quand il est venu bénir ici la Madonnina  à Monte Mario, le 24 juin 2010.

"Continuez, chers Fils de la Divine Providence, sur cette ligne charismatique commencée par votre Fondateur, parce que, comme il disait, "la charité est la meilleure apologie de la foi catholique", "la charité traîne, la charité remue, porte à la foi et à l'espoir."

Les œuvres de charité, soit comme actes personnels et soit comme services aux personnes faibles offerts dans des grandes institutions, ne peuvent jamais se réduire à un geste philanthropique, mais elles doivent rester toujours une expression tangible de l'amour provident de Dieu. Pour faire ceci - don Orione rappelle - il faut "être pétri de la charité suave de Notre Seigneur" par une vie spirituelle authentique et sainte. Ainsi seulement est-il possible de passer des œuvres de la charité à la charité des œuvres, parce que - votre Fondateur ajoute - "même les œuvres, sans la charité de Dieu qui les valorise devant lui, ne valent rien."

Dans ce texte est indiqué le parcours humain proposé aux opérateurs socio-sanitaires orionistes:

• exercer les services aux personnes

• non seulement comme geste philanthropique

• mais aussi comme expression tangible de l'amour provident de Dieu

• et donc "être pétri de la charité suave de Notre Seigneur"

• par une vie spirituelle authentique et sainte.

C'est un parcours achevé, par exemple, par le professeur Dominique Isola,[25]  médecin au Petit Cottolengo de Gênes, et de nombreux autres avec lui et après de lui: "Merci beaucoup à Vous, cher Prof. Îsola, et à tous ceux qui collaborent avec Vous,  animés par Votre noble esprit, qui est amour aux misérables, qui est foi, qui est science et bien. Dieu Vous récompense largement, et Vous réconforte en cet apostolat de bonté intelligente!."[26]

 

 

 


[1] A entendre comme "du moment que… puisque… vraiment parce que".

[2] La nouvelle version de la Bible de la CEI traduit "Vraiment tu l'as fait un peu moins que les anges."

[3] On devrait traduire "peu moindre qu’un dieu", y étant le mot Elohim, divinité.

[4] G. Bressan. Autres cinquante prières bibliques, Athéna Éditrice, Rome, 1999, p.526-533. Saint Pier Crisologo, bien qu’en ne faisant pas l'exégèse de la seconde strophe, il s'est exprimé dans le sens de la merveille pour la grandeur de l'homme: "Oh homme, pourquoi tu as de toi une si basse idée, tandis que tu es si précieux pour Dieu? Pourquoi, toi qui es si honoré chez Dieu, tu te déshabilles déraisonnablement de ton honneur?... Est-ce que tout cet édifice du monde que tes yeux contemplent  n'a pas été fait pour toi?... Pour toi a été réglée la nuit, pour toi défini le jour, pour toi le ciel a été éclairé par la différente splendeur du soleil, de la lune et des étoiles... Cependant ton créateur trouva (excogitat: presque "il lui vient à l’esprit"), encore quelque chose à ajouter pour t'honorer. Il a imprimé en toi son image, afin que l'image visible présentât au monde le créateur invisible, et il t'a mis sur terre à sa place (à le représenter)..."; PL 52,596-598.

[5] Lettres II, 331. "Mais qu'est-ce qu’on entend pour image et ressemblance de Dieu"?, s'est demandé le card. Ratzinger. En analysant les sources bibliques, il a expliqué que "l'homme est l’image de Dieu dans le sens qu’il participe à l'immortalité de Dieu, ζωή (zoé) et non seulement βίος (bios). À l'homme donc on propose une communion éternelle avec l'amour de Dieu qui va au-delà du temps de la vie terrestre... La lumière de l'amour brille dans les gens souffrantes. Elles, en effet, sont plus proches du sacrifice du Christ."

[6] A la conclusion de la page célèbre "Âmes, Âmes! "; Sur les pas de Don Orione, p.253.

[7] Lettres II, 463.

[8] Lettres II, p.227.

[9] Antoine de Saint-Exupery, Le petit prince.

[10] Lettres II, p.224.

[11] Le service à la vie faible engendre entre autre, en qui aide, des fruits précieux d'humanisation, fruit des dynamiques de besoin/gratuité, demande/réponse, solitude/communion, bien reçu / bien donnée.

[12] "Le Cottolengo est une famille fondée sur la foi, qui vit des fruits d'une charité inépuisable. Donc en lui on vit gaiement, on prie, on travaille dans la mesure des forces de chacun, on aime Dieu et on aime et on sert le Christ  dans les pauvres en sainte et parfaite joie, parce qu'ils ne sont pas des hôtes, ils ne sont pas des hospitalisés: ils sont les patrons et nous autres nous sommes leurs serviteur"; Écrits 74, 179.

[13] Le card. Elio Sgreccia a présenté le panoramique des modèles bioéthiques qui conduisent à des conséquences logiques de deshumanisation et de mort: modèle non-cognitiviste (on ne peut pas connaître la vérité et les valeurs absolues sur l'homme) modèle pragmatique-procédural (c’est éthique ce qui suit les procédures) , pragmatique-utilitariste (c’est éthique ce qui est utile), socio-biologiste (les valeurs et l’éthique sont en évolution culturelle), libéral-radical (fondé sur la liberté subjective absolue)  éthique sans vérité… et sans Dieu.

[14] "Omnia vincit amor et nos cedamus amori" (L'amour gagne tout, nous aussi nous cédons à l'amour) c'est une expression très laïque, du poète latin Virgile, qui parlait de l'amour à la poésie. Don Orione la cita plusieurs fois et il la commenta, à sa manière, en la rapportant à l'amour du Christ et à l'amour fraternel.

[15] N'est pas une pauvre voix d'un homme qu'il n'y a pas / notre voix chante avec un parce que" (Maretta Campi).

[16] L'athéisme humaniste présente Dieu comme le grand Concurrent de l'homme et alors il proclame : ou Dieu ou l'homme; ou la grandeur de Dieu ou la grandeur de l'homme. L'humanisme chrétien par contre, avec saint Irénée, affirme: "La gloire de Dieu c’est l'homme vivant. La vie de l'homme est la vision de Dieu"  (Contre les hérésies 4,20,5-7).

L'attention et la promotion de la qualité de vie c'est une importante conquête de civilisation et de progrès. Cependant il serait peut-être mieux parler de vie de qualité ou aussi de vie avec de la qualité. C'est la vie le substantif, la substance... et pas la qualité, bien qu'importante et à promouvoir. Souvent, en effet, sur l'autel de l'idole de la qualité de la vie on sacrifient beaucoup de vies (avortement, infanticide, euthanasie se font sur la base du principe de la qualité de la vie !) parce qu'on juge qu'ils n'ont pas qualité suffisante de vie. Parfois la qualité de la vie est utilisée comme un principe sélectif, ni plus ni moins d’autres principes sélectifs qui dans le passé ont déterminé des exterminations et même l’holocauste. Et puis, comme il a été observé pendant le Congrès, la qualité de la vie, comme elle est entendue dans une grande partie de la culture socio-sanitaire actuelle, beaucoup de fois elle n'inclut pas des éléments importants de la qualité de la vie comme entendue dans l'anthropologie personnaliste, soit laïque que chrétienne. Et enfin, pour servir toujours mieux (et plus coûteusement) toujours moins de gens, on laisse de plus en plus complètement dehors de l'aide de la justice et de la charité les nécessiteux. En cela nous, les Orionistes, nous devons constituer une critique et une proposition pour servir tout l'homme, tous les hommes, en toutes les conditions.

[17]Dieu est mort, Marx est mort et moi aussi je ne me sens pas trop bien": Woody Allen.

[18] Discours au Clergé de Rome, le 2 mars 2006.

[19] Lettres I 53, 7.

[20] En faisant un compte rendu d'une réunion d'un Cercle catholique, Don Orione écrivait: "On délibéra dans le Seigneur de ne plus rester à regarder tristement, ou même à nous critique entre nous, car la société invoque un remède à ses maux... On a parlé de la nécessité urgente et du devoir de nous jeter dans le feu des nouveaux temps, pour l'amour de Jésus Christ et du peuple, ainsi que du Pays, car l'humanité a aujourd'hui suprêmement besoin de se restaurer dans la foi, et de revivre dans la charité…"; Écrits 64, 161.

[21] Mt 5, 15. "Ainsi resplendisse votre lumière devant les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes œuvres et ils rendent gloire à votre Père qu'il est dans les cieux", Mt 5, 16.

[22] Réunions, 130; Don Orione le définit "un type sans scrupules qui ne peut voir ni il veut rien savoir de religion" (Paroles IX, 425); mais après il devint un bienfaiteur généreux du Petit Cottolengo de Gênes. Un pavillon de l'hôpital ‘Saint Martino’ de Gênes est dédié à lui".

[23] Don Orione raconta la conversion d'une femme âgée, convertie au Petit Cottolengo de Claypole qui lui expliqua: "comment je peux ne pas croire à la foi et à la religion de la Soeur qui dort par terre près de mon lit et qui se lève 20-30 fois chaque nuit pour me donner à boire et pour me servir… plus que si s’était  ma fille? (...) Est-ce que vous voyez? - Don Orione concluait -, cette femme a été poussée à la foi par la charité surhumaine de la sœur"; Parola VIII, 195-196.

[24] Ecrits 4, 280.

[25] Dominique Isola naquit à Gênes le 8 août 1884, d’une famille aisée. Le 10 décembre 1933, il commença sa collaboration étroite avec Don Orione comme directeur sanitaire du Petit Cottolengo de Gênes-Paverano. Ses qualités humaines et professionnelles exceptionnelles émergèrent pendant tout l'arc des trent' ans de service. Peu à peu se détacha de tout, en servant et en vivant pauvrement au Paverano, jusqu'à quand, le 12 mai 1962, il fut frappé par un  ictus cérébral. La main lui tombe sur la feuille où il était en train d'écrire le rapport clinique d'une pauvre femme qui venait d’être hospitalisée. Il mourut quelques jours après, le 18 mai. Toujours humble, discret, réservé d'honneurs et de reconnaissances publiques, il avait demandé d’être enterré avec sa blouse blanche de médecin. Le corps fut enterré dans l'église du Paverano.

[26] Lettre de 15.5.1935; Écrits 115, 196.

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